Danses autochtones

Anna Hoefnagels

Comme dans la plupart des cultures dans le monde, les danses des peuples autochtones au Canada sont à la fois des célébrations et des rituels parfois sacrés revêtant une grande importance spirituelle. Les styles de danse évoluent au fil du temps, en s’adaptant à de nouvelles influences externes et internes. Nous pouvons remonter la trace de nombreuses danses contemporaines jusqu’à des pratiques sociales du passé. Par exemple, vous pouvez en apprendre davantage sur ce sujet dans la section intitulée Danse traditionnelle masculine. Dans certains cas, il est même possible d’établir les noms de ceux qui ont apporté certains changements et réalisé certaines innovations et de savoir à quel moment ces évolutions sont survenues. C’est le cas de la danse des clochettes féminine.

L’emprunt a toujours fait partie de la culture autochtone, les groupes s’échangeant naturellement leurs danses sociales et leurs traditions. L’origine et le développement du pow-wow constituent un bon exemple de tels échanges entre les groupes au fil du temps. Les nombreux échanges et le mode de transmission des traditions d’une génération à l’autre ont fait en sorte que bien souvent, il n’existe pas de « version établie » d’une danse donnée. Ce renouvellement des pratiques traditionnelles illustre la vitalité des modes d’expression culturelle des Autochtones et l’engagement de ces derniers envers leur culture. On danse tant en ville que dans les réserves, en public ou en privé, pour le plaisir, le divertissement ou l’introspection. Pour renouer avec la Terre mère, la culture autochtone et les autres peuples autochtones.

De nombreuses danses autochtones remontent à des époques qui ont précédé les contacts avec des non-Autochtones. Nous pouvons faire remonter d’autres danses contemporaines aux traditions et aux coutumes des Autochtones antérieures à l’instauration des réserves. La résilience des Premières Nations se manifeste clairement dans la manière dont elles ont su perpétuer, adapter, transformer et renouveler leurs danses. Malgré toutes les politiques contraignantes mises en place par les non-Autochtones pour les assimiler et malgré leurs interactions inévitables avec les colons locaux, de nombreuses Premières Nations ont conservé leurs danses et leur culture, qui demeurent au cœur de leur identité et de leur patrimoine, qu’elles continuent de promouvoir par la danse, la musique et les célébrations. Si vous le souhaitez, vous pouvez en apprendre davantage, dans les sections suivantes, au sujet de la danse du lapin des Lakotas, de la danse de la fumée des Haudenosaunee, de la ronde crie, ou des catégories de danse suivantes, qu’on retrouve généralement dans les pow-wow d’aujourd’hui.

Danse traditionnelle masculine

Danse traditionnelle féminine

Danse de l’herbe masculine

Danse libre féminine

Danse libre masculine

Danse des clochettes

 

 

« Traditions »

Lorsqu’il est question des « traditions » et des « pratiques traditionnelles » autochtones, il est important de considérer que la « tradition » est elle-même un concept en constante évolution. Les pratiques traditionnelles s’adaptent et changent au fil du temps. On suppose généralement que les pratiques et les croyances « traditionnelles » d’un groupe de personnes ne changent pas au fil du temps. Cependant, toutes les traditions évoluent en fonction d’influences externes. Elles connaissent aussi des changements internes dus à l’évolution des objectifs ou des fonctions des activités culturelles ou de la signification accordée aux pratiques traditionnelles. Dans de nombreux cas, des pratiques qui sont devenues « traditionnelles » pour un groupe de personnes en particulier ont d’abord été tirées ou inspirées de modes d’expression culturelle d’autres nations. Il arrive aussi que certaines pratiques aient été créées pour répondre aux besoins d’une communauté ou pour donner suite à une vision ou à un rêve. Ainsi, il est important de considérer qu’au même titre que la culture, la « tradition » est dynamique, et que les gens la renouvellent et l’adaptent en fonction de leur situation, de leurs besoins et de leurs intérêts. De plus, l’adaptation et le renouvellement continus des pratiques culturelles, au gré des changements au sein d’une communauté et des influences apportées par les autres, sont au cœur de la redéfinition et de la « recréation » des traditions.

 

Interdiction des danses autochtones

Au cours de l’histoire, les gouvernements canadiens ont imposé des règles pour encadrer les modes d’expression culturelle et les traditions des peuples autochtones. Ils les ont même souvent interdits. L’exemple le plus frappant et le plus pertinent est l’interdiction des pratiques culturelles au moyen de la Loi sur les Indiens. Dans la première version qui est entrée en vigueur au Canada en 1876, la Loi sur les Indiens interdisait les rassemblements et les célébrations où les danses autochtones jouaient un rôle central. Par exemple, à partir de 1884, la cérémonie du potlatch, qui fait partie intégrante de la vie de nombreux peuples de la côte nord-ouest (Pacifique), a été interdite en vertu de la loi. Par conséquent, il est devenu interdit d’interpréter les danses et les chants au cœur de cette cérémonie. De même, en 1885, une modification à la Loi sur les Indiens a mené à l’interdiction de la cérémonie de la « danse du soleil » et des musiques et danses qui y étaient associées, au sein des Nations des Plaines. Ces interdictions ont entraîné la disparition de nombreuses traditions et coutumes. Malgré cela, de nombreuses personnes ont tenté de maintenir les traditions en vie, malgré les peines d’emprisonnement ou les amendes auxquelles elles s’exposaient si elles se « faisaient prendre ». Ce n’est qu’en 1951 que le gouvernement canadien a levé l’interdiction de ces célébrations et cérémonies culturelles, mais à cette époque, nombre des connaissances, des musiques et des danses qui faisaient partie intégrante de ces célébrations étaient tombées dans l’oubli. Cependant, de nombreuses nations continuent de recréer et de faire revivre leurs pratiques ancestrales et les célébrations qui y étaient associées, de sorte que la musique et la danse demeurent des éléments importants de la vie de nombreux peuples autochtones.

 

Spectacles de danse autochtones pour le divertissement des non-Autochtones

 

Malgré l’interdiction officielle de diverses expressions culturelles par la Loi sur les Indiens, de nombreux non-Autochtones ont organisé des spectacles de musique et de danse des Premières Nations pour le public non autochtone, à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle. Ces performances étaient souvent intégrées à des « spectacles du Far West », à des foires villageoises ou, dans certains cas, à des campagnes de collecte de fonds paroissiales. Des hommes et des femmes autochtones étaient alors invités à interpréter leurs danses traditionnelles au rythme de leurs propres musiques, vêtus de leurs tenues traditionnelles. Par exemple, dès 1837, l’artiste américain George Catlin a incorporé l’interprétation de danses à son Indian Gallery, qu’il a présentée dans l’est des États-Unis, puis en Europe.

Au cours de son séjour de huit ans en Europe pour sa tournée avec sa « collection » d’Indiens de l’Amérique du Nord, Catlin a fait appel à trois différents groupes de danseurs pour illustrer les différents aspects de la culture autochtone nord-américaine. Le premier groupe et le troisième groupe étaient constitués d’Ojibwés de la région du lac Huron, dans le Haut-Canada. Selon ses notes de voyage, Notes of Eight Years’ Travels, cette culture était portée par une population de 15 000 à 20 000 personnes. « Ils étaient tous vêtus de peaux qu’ils avaient eux-mêmes décorées, et coiffés de plumes d’aigles et de dindons sauvages; leurs visages barbouillés et striés de vermillon et de peinture noire et verte. Ils étaient armés de leurs bâtons de guerre, de leurs arcs et de leurs carquois, de leurs tomahawks et de leurs couteaux à scalper, comme au temps où ils parcouraient les bois de leur pays; et leurs hurlements et cris de guerre, qu’ils faisaient parfois retentir lorsque des éléments de la vie urbaine les effrayaient, ajoutaient au tumulte, au milieu de la fumée et du vacarme de Manchester (Angleterre) » (Catlin, 1848, vol. 1 : 109.) Le premier groupe comptait neuf personnes : Ah-quee-we-zaints (Grand-Chef, 75 ans), Pat-an-a-quot-a-wee-be (Nuage-Meneur, 35 ans, un chef de guerre qui avait combattu dans la guerre de 1812), Wee-nish-ka-wee-be (Mouette-Volante, guérisseur), Sah-mah (Tabac), Gish-ee-gosh-e-gee (Nuit-de-Lune), soit deux jeunes hommes avec leurs femmes, Not-een-a-akm (Vent-Fort, interprète, fils de M. Cadotte), deux femmes appelées Wos-see-ah-e-neuh-qua et Ne-bet-neuh-qua, ainsi qu’une fille, Nib-nab-ee-qua.

Catlin a appelé ses présentations « Tableaux vivants des Indiens d’Amérique du Nord. » Parmi les danses, il y avait la « danse de guerre », une cérémonie au cours de laquelle les guerriers faisaient un serment solennel en dansant et en frappant le poteau rougi avec leurs bâtons de guerre; la « danse du scalp », une célébration de la victoire au cours de laquelle les femmes se tenaient au centre du groupe en brandissant des scalps sur de petits bâtons tandis que les guerriers dansaient autour d’elles en brandissant leurs armes et en hurlant, ainsi que la « danse du calumet de paix » où les guerriers tenaient des pipes ou des calumets de paix et dansaient au rythme du tambour (Catlin, 1848, vol. 1 : 95-6). Parfois, les Ojibwés exécutaient la Wa-be-no (« danse du mystère »), « donnée à l’occasion de leurs fêtes mystérieuses, ou pour l’accomplissement de quelque dessein mystérieux » (Catlin, 1848, vol. 2 : 116.) Wa-be-no est aussi le nom que Catlin donne à leur tambour, qu’il décrit ainsi : « On tend un morceau de peau brute sur un cerceau ou au sommet d’une sorte de fût, généralement obtenu en creusant l’intérieur d’une bûche de bois, en laissant une fine bordure sur le pourtour. Au fond, ils ajoutent toujours une certaine quantité d’eau, qui renvoie un son remarquablement riche et liquide. En outre, ils font retentir plusieurs sortes de hochets et de sifflets, dont certains sont utilisés à des fins mystérieuses, alors que d’autres sont utilisés simplement pour les effets agréables et stimulants qu’ils produisent dans leurs danses » (Catlin, 1848, vol.1 : 116.) Le hochet de mystère portait le nom de shi-she-quoi (Catlin, 1848, vol. 1 : 131.)

Le premier groupe d’Ojibwés s’est produit pour la reine Victoria au château de Windsor, ainsi que dans de nombreux autres endroits en Angleterre, devant un public reconnaissant qui leur offrait de nombreux présents, comme des boîtes à tabac en argent. Le dernier groupe d’Ojibwés, constitué de plus de personnes, a donné des représentations pour Catlin en France. Il incluait : Maun-gua-daus (Grand-Héros, Chef, 41 ans), Say-say-gon (Tempête-de-Grêle, 31 ans), Ke-che-us-sin (Roc-Solide, 27 ans), Mush-she-mong (Roi-des-Huards, 25 ans), Au-nim-muck-kwak-um (Oiseau-de-la-Tempête, 20 ans), A-wun-ne-wa-be (Oiseau-du-Tonnerre, 19 ans), Wau-bud-dick (Wapiti, 18 ans), U-je-jock (Pélican, 10 ans), Noo-din-no-kay (Tempête-Furieuse, 4 ans), Min-nis-sin-noo (Brave-Guerrier, 3 ans), Uh-wus-sig-gee-zigh-gook-kway (Femme-de-l’Au-Delà, épouse du chef, 38 ans), et Pappoose (né dans le bal Valentino) (Catlin, 1848, vol. 2 : 279.) Malheureusement, la majeure partie des membres de ce groupe, soit sept d’entre eux, sont décédés plus tard de la petite vérole, alors qu’ils étaient encore en Europe.

Les productions de Catlin ont mené à la formation de groupes de tournées similaires en Europe, en Amérique du Nord et au-delà. Présenté dans plusieurs villes d’Amérique du Nord à partir de 1885, le spectacle Wild West de Buffalo Bill divertissait le public en mettant en scène des batailles entre « cow-boys » et « Indiens » rythmées par des musiques et des danses traditionnelles. La troupe, incluant ses artistes autochtones, a voyagé en Grande-Bretagne en 1887, afin de divertir la noblesse britannique et divers publics. Ces spectacles, et plus tard les interprétations hollywoodiennes qui en ont été faites, ont donné au grand public canadien une image particulière de « l’Indien ». Une image qui suggérait un groupe de gens « primitifs, non civilisés et barbares », mais qui renforçait aussi la vision idéalisée du « bon sauvage » d’Amérique du Nord.

 

Danse du lapin des Lakotas

De nombreuses Premières Nations de l’Amérique du Nord ont en commun une danse qu’elles appellent la « danse du lapin ». Les danses de lapin ont différentes significations et origines, ainsi que des musiques et des pas particuliers. Pour le peuple lakota, la danse du lapin est une danse sociale qui a été enseignée à un jeune garçon par un lapin. Le garçon l’a ensuite enseignée à son peuple. Les danses du lapin sont interprétées lors des pow-wow des Lakotas et de rassemblements sociaux similaires. Ces danses sont aussi interprétées lors des événements appelés « Quarante-neuf », des nuits de rassemblement social pour les jeunes.

Il s’agit là de la seule forme de danse de couples des Lakotas. Des paires de danseurs s’alignent l’un derrière l’autre et se déplacent en cercle dans le sens des aiguilles d’une montre. L’homme et la femme se tiennent près l’un de l’autre, épaule contre épaule. L’homme se tient à la gauche de sa partenaire, du côté extérieur du cercle. Les danseurs font un pas en avant avec leur pied gauche, glissent leur pied droit en avant, puis font un nouveau pas à l’avant avec leur pied gauche, suivi d’un nouveau glissement du pied droit. Ensuite, l’homme et la femme font un pas en arrière avec leur pied gauche, puis leur pied droit entraîne le gauche en exécutant deux pas et deux glissements vers l’avant. Les danseurs répètent ce motif pendant toute la danse du lapin. Les paroles de la danse du lapin parlent de parades amoureuses et de romances du point de vue des femmes, chantées par les hommes.

Cette danse apparaît sous diverses formes dans toute l’Amérique du Nord. Une variation fréquente est le sens de la danse : certaines Premières Nations tournent dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Les chanteurs peuvent également changer la structure interne de la chanson de la danse de lapin en fonction des préférences locales. Certains pow-wow présentent des danses de couples comme la danse du lapin pour le plaisir des danseurs et le spectacle de quelque chose de nouveau et de différent pour le public.

 

Danses rondes des Cris des Plaines

Un peu partout en Amérique du Nord, les Premières Nations exécutent des danses rondes. Les Cris des plaines interprètent de telles danses rondes en automne et en hiver, une fois les saisons de chasse et de trappe terminées. Généralement tenues à l’intérieur, ces danses de nuit ont lieu les week-ends et les jours spéciaux, comme le lendemain de Noël et la veille du jour de l’An. Les rassemblements de danses rondes durent généralement pendant une nuit, mais ils peuvent aussi durer deux nuits de suite. Les rassemblements commencent en milieu ou en fin de soirée et durent jusqu’aux petites heures du matin. À l’instar d’autres rassemblements sociaux, les drogues et d’alcool y sont interdits, afin que les danses rondes soient l’occasion de promouvoir un mode de vie sain.

Selon certaines sources, les Cris des Plaines ont appris cette danse à la fin du XIXe siècle auprès des Assiniboines, qui l’appelaient « danse des lents mouvements ». Danse de guérison à l’origine, elle est devenue une danse sociale. Dans sa forme actuelle, elle sert à la fois des fonctions sociales et cérémonielles. Souvent parrainées par une organisation familiale ou communautaire pour en faire des rassemblements commémoratifs ou des événements essentiellement sociaux, les « célébrations de la ronde » varient d’une communauté à l’autre. Lorsque les parrains souhaitent en faire un service commémoratif, l’événement comprend des prières, des danses, une distribution de cadeaux et un festin cérémoniel, de manière à équilibrer les objectifs sociaux et cérémoniels des parrains.

Le principal style de danse interprété lors de ces rassemblements cris est la ronde. La ronde est accompagnée par un groupe de chanteurs qui frappent des tambours à main à l’unisson. Les danseurs joignent les mains pour former un grand cercle, marquant symboliquement l’égalité de toutes les personnes dans le cercle. Les danseurs se déplacent vers la gauche en exécutant un pas traînant de côté pour refléter le motif long-court de la cadence des tambours, puis ils plient les genoux pour bien marquer le motif. Bien qu’il s’agisse du principal style de danse interprété lors de ces rassemblements cris, on y intercale parfois la kawepayiwe.

Certains chercheurs ont décrit la kawepayiwe comme une variante pour la formation du cercle, dans laquelle un homme entre dans le cercle pour danser à côté d’une femme vers laquelle il est attiré. Selon ces sources, lorsque la musique change, les danseurs forment des couples et continuent de danser dans le sens des aiguilles d’une montre, mais en faisant désormais face au couple en face d’eux plutôt qu’au centre du cercle. Lorsque la musique change à nouveau, les couples se défont et les danseurs forment un grand cercle à nouveau. Ils continuent à alterner entre la danse en couple et la danse en groupe au gré de la musique.

Dans sa forme actuelle, la kawepayiwe est exécutée par des groupes composés d’un homme et de deux femmes. L’homme tend ses mains, paumes vers le haut, en laissant les poings lâches. Chaque femme tient l’une des mains de l’homme, et les femmes dansent en reculant, conduites par l’homme qui danse vers l’avant. Cette danse honorifique est généralement exécutée avant la partie de la soirée où on procède à la distribution de cadeaux.

Les chansons utilisées pour les danses rondes ont une structure similaire aux chansons de pow-wow, mais leur contenu est passablement différent. La langue utilisée est une forme d’anglais « cassé » ponctué d’exclamations comme « hey ya ». Les interprètes font beaucoup d’improvisation autour des effets de nuances et du style, de sorte que la fin de la chanson peut devenir une sorte d’hymne ou d’incantation, ou la chanson peut se terminer tout en douceur. Comme dans les chansons de pow-wow, les chanteurs utilisent des notes dédoublées, chantent à l’unisson et émettent des interjections sous forme de cris et de hurlements. Au Canada, selon l’endroit, les chanteurs utilisent des tambours à main individuels ou un grand tambour de basse ou de pow-wow pour s’accompagner (Whidden, 2005 : 34.)

Lors des rassemblements sociaux et des pow-wow, les danses rondes servent à amener plus de gens à danser et à mettre en valeur différents styles de danses autochtones. Comme dans le cas de nombreuses danses sociales, les danses rondes favorisent la fierté et le sens de la communauté parmi les participants, tout en renouvelant les relations et en célébrant l’identité des Premières Nations.

 

Danse de la fumée des Haudenosaunees

La « danse de la fumée » est une danse sociale des Haudenosaunees. Du milieu à la fin des années 1990, la danse de la fumée a fait son apparition sur le circuit des pow-wow dans les régions où résident les Haudenosaunees. Ainsi, lors de certains pow-wow, il s’agit désormais d’une danse de compétition dans le cadre de laquelle les participants peuvent gagner des prix en argent. Il existe différentes explications sur les origines de la danse de la fumée. Dans sa forme actuelle, elle fait partie de la culture Haudenosaunee depuis environ quarante ans. D’aucuns émettent l’hypothèse que cette danse aurait été, à l’origine, un moyen d’évacuer la fumée de la maison longue. D’autres attribuent ses origines à des danses non autochtones auxquelles les Haudenosaunees auraient été initiés. Une autre hypothèse affirme que la danse de la fumée est apparue lorsqu’on a accéléré certaines chansons traditionnelles utilisées pour les danses guerrières interprétées aux fins de divertissement lors d’expositions ou de « spectacles ». La nouveauté de cette danse pour les Haudenosaunees se reflète dans le fait qu’il n’y a pas de mot pour la désigner dans les langues iroquoiennes. Par conséquent, tous les Haudenosaunees la désignent sous le nom de « danse de la fumée ».

Ceux qui exécutent la danse de la fumée l’utilisent pour montrer leur talent pour la danse et pour attirer l’attention des spectateurs. Deux types de chansons accompagnent les interprètes de la danse de la fumée : des chansons lentes et des chansons rapides. Les chansons lentes tirent leurs racines des danses guerrières traditionnelles des Haudenosaunees et, par conséquent, elles ne sont exécutées que par des hommes. On spécule que certaines de ces danses ont évolué à partir d’autres danses en plus des danses guerrières, comme la danse du lapin, la danse des peaux ou la danse des buissons. Les chansons rapides peuvent être accompagnées d’une chanson de la danse des mocassins ou d’une chanson de la danse des bâtons, et celles-ci sont plus rapides que les chansons lentes, exigeant des pas beaucoup plus rapides des danseurs masculins et féminins. Bien que certaines chansons utilisées pour la danse de la fumée aient d’autres utilisations, environ dix-huit chansons sont associées à cette danse, et les gens continuent de composer et d’interpréter de nouvelles chansons pour la danse de la fumée. Un unique chanteur s’accompagnant avec un tambour à eau traditionnel iroquoien chante la chanson d’une danse de la fumée dans un registre vocal où il est à l’aise.

Les danseurs portent habituellement des tenues traditionnelles haudenosaunees distinctives qui leur confèrent toujours un air de grâce. Les tenues pour hommes comprennent des mocassins en cuir, une chemise en coton coloré ornée de rubans, des jambières en velours noir ou en cuir coordonnées, avec des brassards assortis, et un tablier avant et arrière avec une ceinture et un collet. Ils portent souvent une coiffe de cuir, et ils peuvent porter un grand éventail de plumes dans une main. Les femmes portent des jambières en velours noir ou en cuir et une jupe assortie par-dessus laquelle elles portent des robes en coton à motif floral avec des rubans. Elles portent généralement une coiffe en forme de couronne ou de diadème et sont chaussées de mocassins.

Comme la plupart de ces chansons ont une cadence rapide, les danseurs ne sont pas invités à danser pendant plus de quatre chansons d’affilée, ce qui leur permet de reprendre leur souffle entre les danses. Dans les compétitions de pow-wow, par exemple, les danseurs s’exécutent souvent pendant une chanson lente et une chanson rapide, et si les juges, les autres danseurs ou les membres du public le demandent, ils peuvent s’exécuter sur une chanson rapide supplémentaire. Tous les danseurs dansent individuellement, déplaçant leurs pieds et leur corps au rythme rapide du tambour, et ils « sautillent » lorsqu’il y a un « hoquet » dans la musique. Les danseurs peuvent choisir de danser sur place ou ils peuvent se déplacer sur toute la piste de danse pour attirer l’attention.

La danse de la fumée des Haudenosaunees est un très bon exemple d’une nouvelle danse qui tire ses racines de la culture, mais qui a acquis sa propre vitalité. Ces danses sont devenues des catégories de compétitions très populaires lors des pow-wow qui se tiennent à proximité des communautés haudenosaunees, ce qui montre non seulement l’adaptabilité des Haudenosaunees, mais aussi celle de la population autochtone en général, qui intègre de nouvelles formes de danse et de musique innovantes à ses événements culturels.

 

Origines du pow-wow moderne

Il y a plusieurs explications entourant l’origine du pow-wow moderne. La plupart des spécialistes conviennent qu’il tire ses racines de diverses Nations des Plaines et de la région de l’Oklahoma. Un récit associe le pow-wow aux sociétés de guerriers qui ont perduré jusqu’au XIXe siècle. Les sociétés de guerriers étaient strictement réservées aux hommes, qui utilisaient la musique et la danse pour se préparer à la bataille en simulant des manœuvres comme l’embuscade. Ils dansaient au rythme du tambour, tandis que les autres membres de la communauté les regardaient et les encourageaient afin de stimuler leur enthousiasme d’aller à la guerre. À leur retour de la bataille, les guerriers reconstituaient leurs expériences de guerre en dansant. Ils montraient à leurs compagnons d’armes et à leur communauté comment ils avaient combattu l’ennemi et utilisé divers mouvements pour éviter d’être blessés. Quand les hommes exécutaient leurs danses guerrières, les femmes et les enfants les encerclaient pour les observer et les encourager.

À la fin du XIXe siècle, ces danses guerrières sont devenues des danses sociales, au fur et à mesure que les escarmouches au sujet des territoires de chasse ont diminué entre les groupes autochtones. C’est à cette époque que les femmes et les enfants ont commencé à danser sur les chants de danses guerrières. Les femmes se tenaient sur place et pliaient les genoux au rythme du tambour sur le bord de la piste de danse. Le pow-wow a commencé à se répandre partout aux États-Unis à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle. Aujourd’hui, des pow-wow sont organisés dans de nombreuses communautés des Premières Nations du sud du Canada.

Il existe deux grands types de pow-wow. Le premier est généralement appelé « pow-wow traditionnel » (dans certaines régions, on parle d’un « rassemblement »). Ces événements se déroulent généralement dans une atmosphère détendue et ils sont de nature sociale. Ils peuvent faire partie d’une série de célébrations saisonnières ou d’une conférence d’Aînés. Ces événements ne comportent aucune compétition ou remise de prix en argent. Cependant, une « danse de la couverture » peut être organisée pour aider à payer les frais de voyage des groupes de tambours. Cette « danse de la couverture » est généralement une danse intertribale régulière (tout le monde peut y participer) : quatre personnes dansent autour du cercle en déployant une couverture dans laquelle les gens jettent des dons en argent. De nos jours, le type de pow-wow le plus courant est le « pow-wow de compétition ». Les danseurs et les batteurs s’y affrontent dans différentes catégories pour gagner des prix en argent. Le pow-wow traditionnel et le pow-wow de compétition revêtent tous deux des aspects sociaux et cérémoniels.

Le pow-wow moderne a émergé à des moments différents dans les différentes parties du Canada. Dans les Maritimes, les premiers pow-wow officiels n’ont été annoncés que dans les années 1980. Même aujourd’hui, il demeure des régions, au Canada, où les Premières Nations n’ont pas adopté cette forme d’expression et de célébration.

À mesure que les Nations autochtones ont adopté le pow-wow, ses musiques et ses danses, elles ont souvent adapté leurs propres traditions et célébrations aux conventions des pow-wow dans la forme où ils leur sont parvenus. Un bon exemple est la question des rôles assignés à chaque sexe. Bien que la tradition veut que les femmes ne battent pas les tambours à l’occasion des pow-wow, mais qu’elles jouent un rôle de soutien en chantant derrière les hommes, cet aspect change graduellement dans certaines régions. Les groupes de tambours féminins et les groupes mixtes sont de plus en plus acceptés dans certaines parties du pays.

 

Pow-wow modernes

À mesure que les pow-wow se sont répandus au-delà des Plaines, les gens y ont greffé des danses, des chansons, des enseignements et des interprétations en fonction de leurs propres croyances et traditions. Les musiques et les danses issues des Plaines influencent fortement les pow-wow modernes et, au Canada, la plupart des gens se produisent dans le style dit « du Nord ».

Dans le style du Nord, la musique est généralement produite par des chanteurs et batteurs masculins assis autour d’une grosse caisse de basse ou « tambour de pow-wow ». Des femmes peuvent se tenir derrière eux et les accompagner en chantant. Dans le style du Nord, les chanteurs utilisent leur gamme vocale supérieure. Le style dit « du Sud », qui provient de la région de l’Oklahoma et du Kansas, utilise un registre vocal inférieur. Il existe également des différences dans les chansons, les styles de danse, les tenues cérémonielles et les histoires qui entourent les origines des versions du Nord et du Sud. (Wright-McLeod, 2005: 307.)

Lors des pow-wow, on exécute des danses intertribales et spécialisées à des fins cérémonielles ou compétitives. Dans la plupart des danses, les participants bougent individuellement au rythme des tambours et des chants, tout en se déplaçant autour de la piste de danse dans le sens des aiguilles d’une montre. Dans le cas des danses intertribales, auxquelles les membres de tous les peuples, Autochtones ou non, peuvent participer, les danseurs avancent en faisant des pas « orteil-talon » : ils tapent un orteil sur le sol, puis ils foulent le sol avec le talon du même pied. Alors que certains danseurs ne font que changer de pied au rythme du tambour, d’autres se montrent plus acrobatiques ou athlétiques dans leur danse, en bougeant activement leurs pieds et leurs jambes tout en balançant le haut du corps, les bras, les hanches et la tête. Cette diversité dans les styles de danse apparaît également dans certaines des danses plus « cérémoniales » du pow-wow, comme celles qui accompagnent la Chanson de la Grande entrée et la Chanson des Honneurs.

Certaines danses spécialisées sont exécutées lors des pow-wow, souvent en fonction de différentes catégories des danseurs. Ces catégories de danses ont été introduites à différentes époques et elles portent leur propre histoire. Les danseurs portent des tenues très décorées et riches en symbolisme, appelées « tenues cérémonielles ».

 

Danse traditionnelle masculine

La danse la plus ancienne que l’on puisse retrouver dans les pow-wow est la danse traditionnelle masculine, qui est directement reliée à l’histoire de la danse guerrière qui a servi de précurseur aux pow-wow. Les danseurs portent souvent des mocassins perlés, ainsi que des jambières perlées assorties qui complètent leur tenue. Ils portent souvent des matériaux en cuir, comme un tablier à franges qui couvre parfois leur abdomen, et ils peuvent porter une chemise à rubans sous leur plastron. Ils peuvent également porter une cape perlée et une tournure de plumes sur le dos, ainsi qu’une coiffe avec des plumes d’aigle. Ils peuvent porter des brassards en cuir, ainsi qu’une écharpe décorée de rubans assortis à leurs perles, et ils peuvent porter un sifflet à aigles autour du cou. Ils attachent souvent des cloches à leurs jambes pour accentuer les sons produits par leurs mouvements de danse. Ils peuvent se peindre le visage et porter un éventail ou un bâton à coup à la main. Les différents éléments de leur tenue symbolisent généralement certains aspects des origines de la danse : la danse guerrière. Leur danse simule souvent les mouvements associés à la bataille ou à la chasse : ils peuvent hurler, lancer des cris ou faire retentir leur sifflet à aigles en signe de plaisir.

Ceux qui exécutent la danse traditionnelle masculine peuvent exécuter différentes danses lors des pow-wow. Leurs mouvements sont généralement assez stoïques et introspectifs, mais il est parfois évident que les danseurs sont très touchés, émotionnellement et spirituellement, lorsqu’ils dansent. Les tenues cérémonielles et bon nombre des mouvements de danse exécutés par les danseurs de la danse traditionnelle masculine ont un caractère très individuel qui reflète la Nation d’origine des danseurs et leurs idéaux esthétiques personnels.

 

Danse traditionnelle féminine

Lors des pow-wow, la danse traditionnelle féminine vient complémenter celle des hommes. Selon les enseignements traditionnels sur les pow-wow, les femmes ne dansaient pas, lorsque les hommes exécutaient des danses guerrières : elles encerclaient plutôt la piste où les hommes dansaient et pliaient les genoux au rythme des tambours. Cependant, à partir de la fin du XIXe siècle, certaines femmes ont commencé à danser avec les hommes, se déplaçant à leurs côtés autour de la piste de danse. Cette évolution du rôle des femmes a eu lieu en même temps que la danse guerrière devenait une activité sociale, et les enfants s’y sont également joints. La danse traditionnelle féminine est maintenant considérée comme la plus vénérée et la plus gracieuse des danses féminines des pow-wow contemporains. Les danseuses portent des tenues cérémonielles qui comprennent souvent une robe en cuir avec un plastron et une cape perlée parsemée de longues franges qui se balancent au gré de leurs mouvements. Elles portent souvent un châle à franges drapé sur leur bras gauche. Elles peuvent aussi porter des objets symboliques, comme un éventail de plumes ou une petite poche, dans l’autre main. Certaines portent une tiare perlée qui peut être complétée par des barrettes décoratives qu’elles portent dans les cheveux.

Les pas de la danse traditionnelle féminine sont très solennels. Les danseuses gardent généralement un pied en contact avec le sol pour montrer leur lien avec la Terre Mère. Souvent, leurs pieds semblent « masser » la terre. Si les femmes choisissent de ne pas danser sur place en pliant les genoux au rythme du tambour, elles font de petits pas en tournant lentement dans le sens des aiguilles d’une montre autour de la piste de danse. Les femmes dansent généralement sur deux styles de musique différents, l’un exigeant de faire des pas vers l’avant au rythme d’une chanson d’accompagnement marquée par un battement de tambour régulier, et l’autre exigeant de faire des pas de côté. Dans les danses qui reposent sur des pas de côté, les femmes font face au centre de la piste de danse, et elles se déplacent vers leur gauche au rythme (long-court) du tambour. La danse traditionnelle féminine poursuit un objectif stylistique central : faire en sorte que les franges des danseuses se balancent dans un mouvement circulaire pour refléter la grâce des danseuses et leur connexion avec la Terre Mère.

 

Danse libre masculine

La danse libre masculine, aussi appelée « danse des plumes », est l’une des danses les plus impressionnantes des pow-wow modernes. Variation d’une danse de guerre, la danse libre est devenue progressivement plus rapide et plus élaborée, tant en termes de pas de danse que de tenues cérémonielles. Très axée sur le « spectacle », la danse libre masculine s’est accélérée après qu’elle a commencé à être présentée aux publics non autochtones dans des spectacles du Far West et dans des contextes similaires. Les danseurs montrent leur agilité et leurs capacités d’athlètes à travers des danses rapides caractérisées par des jeux de jambes élaborés, des élans de bras et des balancements du haut du corps au rythme rapide du tambour. Il n’y a aucun pas de danse fixe dans la danse libre. Pour attirer l’attention, les danseurs se lancent souvent dans des tours et des vrilles. Certains ajoutent même des roues et d’autres acrobaties.

Les tenues cérémonielles des participants à la danse libre masculine sont très vives et colorées. L’une de leurs caractéristiques les plus distinctives prend la forme de deux grandes tournures de plumes assorties de franges aux extrémités et portées sur le dos. Les danseurs portent également des accessoires assortis : des brassards, des jambières, une ceinture, de petites tournures fixées à l’avant-bras, un bandeau décoré et une coiffe de plumes. Les différentes parties des tenues cérémonielles des danseurs sont de couleurs coordonnées, et parmi les accessoires supplémentaires, on peut retrouver des cloches attachées juste au-dessous des genoux, des colliers perlés, un tablier de perles, ou des toupies ou des bâtons de coups décorés tenus dans chaque main.

Danse libre féminine

En complément de la danse libre masculine, on retrouve la danse libre féminine, également connue sous le nom de la « danse du châle libre » ou de la « danse du papillon ». La danse libre féminine est apparue graduellement dans le circuit des pow-wow dans les années 1940 et 1950, lorsque les femmes ont commencé à se joindre aux danses libres masculines à la cadence plus rapide. Cette évolution a ainsi reflété les étapes de l’intégration des femmes aux danses traditionnelles. Avant cette période, les femmes pouvaient exécuter les danses du style traditionnel féminin, qui étaient plus solennelles. Cependant, à force d’observer leurs pairs masculins participer à une danse plus « athlétique » et « stimulante », les femmes ont commencé à insister pour exécuter une danse de style plus « athlétique ». En adaptant les mouvements agiles de la danse libre masculine, les femmes ont commencé à projeter les pieds plus haut et à intégrer des pas de danse plus rapides. Dans les pow-wow d’aujourd’hui, les participantes à la danse libre féminine se déplacent rapidement, mais pas autant que les participants à la danse libre masculine. Leur danse est relativement « modeste » et moins acrobatique que celle de leurs pairs masculins, car les femmes n’incorporent pas de mouvements comme des roues ou des grands écarts, elles ne balancent pas les bras et ne tiennent pas d’objets décorés.

Les participantes à la danse libre féminine portent des robes satinées, souvent aux couleurs vives, avec une tournure de perles assortie, des jambières perlées, des mocassins perlés et un châle qu’elles portent sur les épaules, en en tenant une extrémité dans chaque main. Leurs châles et leurs robes arborent des franges colorées qui se balancent au gré de leurs mouvements. Les danseuses portent généralement une plume maintenue sur la tête par une barrette perlée. Les interprètes de la danse libre féminine gardent généralement les bras sur les côtés, en imitant un papillon qui vole. La cadence rapide de cette danse et sa nouveauté relative dans le circuit des pow-wow témoignent du fait que les femmes autochtones ont su défier les conventions de genre et continuent de le faire, en adaptant les enseignements et les pratiques à leurs intérêts et besoins.

Danse de l’herbe masculine

Différentes histoires circulent au sujet de l’origine de la danse de l’herbe masculine. Selon certaines sources, lorsqu’un groupe s’installait à un nouvel endroit, les hommes devaient aplatir l’herbe en vue de l’installation du camp. Les mouvements de ces « aplatisseurs d’herbe » ont été associés à la danse de l’herbe. Une autre explication veut que les hommes se soient mis à attacher de longues franges d’herbe autour de leur taille avant de danser. Certaines personnes croient que ces franges représentaient les scalps des ennemis que les danseurs avaient vaincus. Pour d’autres, les mouvements onduleux des franges des tenues des danseurs rappellent ceux des longues herbes des prairies. On dit aussi que la danse de l’herbe et les mouvements qui y sont associés rappellent aux gens la nécessité de parvenir à un équilibre dans la vie, car les mouvements sont exécutés « en miroir » d’un côté du corps et de l’autre.

Aujourd’hui, les participants à la danse de l’herbe portent des tenues colorées ornées de longues franges de laine ou de rubans qui se balancent au gré de leurs mouvements. Ils peuvent porter des mocassins, des jambières et des bracelets assortis, ainsi qu’une coiffe à laquelle sont fixées deux plumes qui tournent et se balancent au gré des mouvements des danseurs. Certains mouvements semblent témoigner en faveur du récit de l’« aplatissement de l’herbe », lorsque les participants dansent sur un pied en « tapotant » le sol autour d’eux avec l’autre pied.

 

Danse des clochettes féminine

On peut rattacher la danse des clochettes féminine à une Première Nation en particulier et, selon certaines personnes, à une personne dont on connaît le nom. La danse des clochettes féminine tient un rôle spécial pendant les pow-wow en raison des pouvoirs de guérison qui y sont associés. Même si plusieurs histoires différentes circulent au sujet de son origine, la plupart des gens conviennent que cette danse est apparue chez les Ojibwés (Anishinaabes) de la région du lac des Bois (nord des Grands Lacs du nord de l’Ontario, sud du Manitoba et Minnesota), plus précisément au sein de la Première Nation de Whitefish Bay dans le nord-ouest de l’Ontario. L’histoire court que cette danse a été reçue en rêve par le père d’une jeune femme malade nommée Maggie White. Dans ce rêve, on lui a montré une robe et la danse à y associer. Après qu’il a confectionné la robe, sa fille l’a enfilée et a dansé comme il l’avait vu dans son rêve. Lorsqu’elle a commencé à danser, elle a été guérie. Elle a ensuite cherché à transmettre les pouvoirs de guérison de la robe et de sa danse en l’enseignant aux autres. D’abord introduite dans les communautés anishinaabes dans les années 1920, cette danse s’est répandue au-delà de ces communautés dans les années 1960 et 1970, et elle connaît une vive popularité comme danse de guérison lors de cérémonies réalisées pendant les pow-wow d’aujourd’hui en Amérique du Nord.

La danse des clochettes féminine forme une catégorie de danse unique aux pow-wow, en raison des pouvoirs de guérison qui y sont associés et des sons spéciaux produits par les clochettes fixées sur les robes des danseuses. Chaque robe d’adulte compte au moins 365 clochettes ou cônes disposés en motifs élaborés. Les clochettes sont fabriquées à partir de couvercles des boîtes de tabac à priser et attachées individuellement à la robe. Les clochettes se balancent au gré des mouvements des danseuses et tintent en s’entrechoquant. Les danseuses tiennent habituellement, dans une main, une poche contenant souvent des cadeaux de tabac qu’on leur a demandé de porter, et dans l’autre main, un éventail de plumes d’aigle qu’elles brandissent en réponse aux battements d’honneur des musiciens (accents dans les tambours). Elles portent des jambières perlées et des mocassins agencés à leur ceinture perlée. Toutes les parties de leur tenue sont de couleurs coordonnées, et les danseuses portent souvent des plumes dans leurs cheveux tressés. Les mouvements des danseuses sont généralement solennels. Elles gardent le haut du corps droit, et l’essentiel de la danse prend la forme d’un jeu de jambes élaboré. Il existe deux formes de base de cette danse : l’une basée sur des pas en avant, et l’autre basée sur des pas de côté, cette dernière forme étant considérée comme plus puissante pour la guérison.

La danse des clochettes féminine tient une place importante dans les pow-wow modernes. Elle a des origines et des objectifs distincts et elle illustre la vitalité de la danse autochtone et les échanges qui ont toujours eu lieu entre les peuples autochtones. Elle constitue un exemple de tradition dont on peut faire remonter les origines à une Nation particulière, les Anishinaabes, et elle est devenue omniprésente lors des pow-wow, utilisée par les femmes de toutes les Nations partout sur le continent. Cette danse constitue un exemple parfait d’adaptation et de renouvellement des pratiques culturelles autochtones et elle témoigne de la vitalité de la culture autochtone.

 

Autres danses sociales et danses de démonstration associées aux pow-wow

Bien que les danses traditionnelles et libres masculines et féminines, la danse de l’herbe et la danse des clochettes peuvent constituer des catégories pour des compétitions de danse, les danseurs qui les exécutent lors des pow-wow traditionnels le font exclusivement pour le plaisir. Les danseurs peuvent participer à tous les pow-wow sans participer à des concours de danse, et les pow-wow peuvent comporter des démonstrations dans lesquelles on présente chaque catégorie et chaque style de danse. Parmi les danses de démonstration, on retrouve des « danses des cerceaux » et des « danses des tout-petits ».

L’interprète d’une danse des cerceaux se produit seul sur la piste de danse, en se déplaçant au rythme du tambour tout en exécutant différents ensembles de mouvements et de formes avec de nombreux cerceaux. Les formes réalisées représentent souvent des oiseaux ou des animaux. Cette danse met en valeur les talents artistiques du danseur ou de la danseuse.

Une autre danse de démonstration très prisée lors des pow-wow correspond à la catégorie des « tout-petits ». Les enfants, généralement âgés de moins de cinq ans, sont invités à danser, souvent vêtus d’une tenue cérémonielle de danse miniature. Au-delà du côté « mignon » des danseurs, dont certains viennent tout juste d’apprendre à marcher, les danses des « tout-petits » revêtent une grande importance lors des pow-wow, car elles célèbrent la perpétuation de la tradition et de la culture dans les générations futures. Les pow-wow annuels dans les communautés de l’Amérique du Nord constituent des rassemblements qui permettent de célébrer et de renouveler l’identité autochtone et le talent artistique.

 

Variations locales et régionales

La célébration du pow-wow est clairement un aspect dynamique et changeant de la culture autochtone, car elle continue d’évoluer et de s’adapter en réponse aux influences et aux pressions internes et externes. Bien que des danses similaires sont exécutées lors des pow-wow canadiens, les variations régionales au niveau des musiques, des danses et des tenues cérémonielles sont bien visibles et elles reflètent l’importance des coutumes, des pratiques, des enseignements et des symboles locaux. Par exemple, en Ontario, la proximité des Haudenosaunees fait en sorte que de nombreux pow-wow communautaires intègrent des danses de la fumée, à la fois parmi les danses de démonstration et parmi les concours. La « danse de la poule des prairies », qui a vu le jour au sein de la Nation des Blood dans le sud de l’Alberta, est maintenant présentée lors de nombreux pow-wow à l’extérieur de cette province, même si la majorité des représentations y sont encore cantonnées. Lors des pow-wow tenus dans les territoires micmacs, leur danse particulière, la ko’jua, y est généralement présentée.

L’exécution des musiques et des danses locales aux pow-wow illustre l’importance de cette célébration pour la formation et le renouvellement de l’identité des Autochntones en tant que membres d’une communauté locale et de la communauté autochtone canadienne. Dans la base de données de Danses Indigènes, vous trouverez un grand nombre de photos sur les pow-wow tirés des collections de l’Institut de recherche de Gorsebrook, de l’Université Memorial de Terre-Neuve-et-Labrador (MUN) et de Pinegrove.

 

 

 

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