Qui nous sommes

Les preuves archéologiques font remonter le lien entre le peuple micmac et son territoire à quelque dix mille ans.

La région qu’ils appellent Mi’kma’ki englobait les territoires qui correspondent aujourd’hui à la Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard, à la péninsule gaspésienne du Québec, à la rive nord du Nouveau-Brunswick et aux terres jusqu’à l’intérieur du bassin hydrographique de la rivière Saint-Jean, à l’est du Maine et à une partie de Terre-Neuve, incluant les îles dans le golfe du Saint-Laurent, ainsi que Saint-Pierre et Miquelon. Ils divisaient leur patrie en sept « districts » : Kespukwitk, Sikepne’katik, Eski’kewaq, Unama’kik, Piktuk aqq Epekwitk, Sikniktewaq et Kespe’kewaq. Un keptan ou saqmaw (chef de district) dirigeait chaque district. Il assurait à la fois le rôle de dirigeant local et de délégué au Grand Conseil, Sante’ Mawi’omi. (Johnson, 1996 : 376-378.)

Il y a cinq cents ans, les Européens sont débarqués sur les côtes atlantiques de ce qui était pour eux un nouveau continent. Les Micmacs les ont accueillis et se sont présentés sous le nom de l’nu’k, « le peuple ». Depuis, ils ont adopté le nom « Mi’kmaq », souvent francisé sous la forme « Micmac ». Le nom Mi’kmaq vient de leur mot « nikmak », qui signifie « mes amis proches ». (Whitehead, 1988 : 1.)

L’orthographe actuelle, Mi’kmaq, provient du système orthographique Smith-Francis de 1974, que les communautés de la Nouvelle-Écosse et du Cap-Breton ont adopté. (Mi’kmaq est le pluriel, et Mi’kmaw est le singulier.) Tout au long de cet essai, nous utiliserons le système Smith-Francis pour présenter, en italique, des orthographes différentes de celles utilisées dans les documents historiques.

Dans d’autres régions, notamment au Nouveau-Brunswick, de nombreuses personnes ont modifié un système d’écriture que le père Pacifique, un missionnaire capucin, a créé dans les années 1890 alors qu’il vivait chez les Micmacs.

La culture micmaque appartient à la grande famille que les anthropologues appellent « algonquine », car les langues et les cultures de ces peuples présentent des similitudes. Cette famille élargie comprend des Nations et des tribus à travers l’Amérique du Nord comme les Malécites, les Abénaquis, les Cris Eeyous, les Anishinaabes (Ojibwés) et d’autres peuples.

Des Européens, principalement des Anglais, des Écossais, des Irlandais et des Français, ont commencé à s’établir au Canada atlantique il y a 500 ans. Au début, il s’agissait surtout de Français. Ils ont été suivis par des Anglais. Ont suivi des vagues d’Allemands, d’Irlandais, d’Écossais, de loyalistes noirs des États-Unis, puis d’autres loyalistes des États-Unis. Cet afflux de loyalistes après la Révolution américaine a doublé la population, ce qui a entraîné la perte de terres pour bien des Micmacs.

En outre, les guerres et les maladies ont perturbé les communautés. Tout comme la nouvelle religion apportée par les Européens : le catholicisme romain.

La culture micmaque a commencé à s’éteindre à mesure que les nouveaux Canadiens circonscrivaient les Micmacs dans des réserves. Le gouvernement a contraint les enfants à fréquenter des systèmes éducatifs conçus pour éliminer à la fois la culture ancienne de leur famille et leur langue. Le gouvernement fédéral jugeait que les danses autochtones étaient nuisibles et, de 1876 à 1951, il a activement réprimé les traditions des Micmacs. Par exemple, la Loi sur les Indiens de 1927 limitait sévèrement les célébrations et interdisait aux Autochtones de danser, que ce soit dans les réserves ou à l’extérieur. (Joseph, 2006 : 11.)

Ellen Robinson, une Aînée micmaque, se souvient que dans les années 1930, il était interdit à plus de deux Autochtones de se réunir au même endroit. De plus, l’Église catholique décourageait ou interdisait les danses traditionnelles, la langue micmaque et d’autres activités culturelles. (Ellen Robinson, 14 décembre 2005, communication personnelle.)

Sarah Denny, une Aînée micmaque maintenant décédée, racontait que les prêtres disaient constamment aux gens de son peuple que leurs danses et leurs chants étaient l’œuvre du diable. (Selon une citation tirée de Sable, 1990 : 17.)

Caroline Gould, une Aînée micmaque de la réserve de Waycobah (anciennement Wycocomagh) au Cap-Breton, se souvient qu’elle ne pouvait recevoir la Sainte Communion que si elle prononçait des prières en anglais. (Margaret Johnson et Caroline Gould, 19 décembre 2005, communication personnelle.) Cependant, tous les prêtres ne participaient pas à la destruction des us et coutumes autochtones. Certains participaient même aux danses.

Dans les années 1940 et 1950, les colonisateurs ont forcé les Micmacs à s’établir dans quelques grandes réserves comme Eskasoni et Indianbrook en Nouvelle-Écosse, ainsi que Big Cove et Burnt Church au Nouveau-Brunswick. La sédentarisation dans des établissements, ou « centralisation », a eu de profondes répercussions sur la culture micmaque. Ce système a coupé les Micmacs des terres ancestrales gardiennes des souvenirs de leurs gens.

Les politiques visant à éliminer la langue et la culture des Micmacs à l’école, à l’église et dans d’autres lieux ont creusé un fossé entre les générations. Les Micmacs ne pouvaient plus transmettre ouvertement les rituels cérémoniels et les connaissances culturelles que leurs ancêtres avaient intégrées dans les chansons et les danses traditionnelles.

Pourtant, la Première Nation micmaque et sa musique, sa danse, ses histoires, sa langue, ses cérémonies et ses traditions qui la rendent si distincte persistent aujourd’hui et continuent de témoigner de la résilience et de la détermination des Micmacs.

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