Danses d’aujourd’hui

À partir des années 1980, les Innus ont commencé à célébrer et à danser lorsque des gens revenaient de cures de désintoxication. Le tambour et la danse ne sont plus aussi communs qu’autrefois et, aujourd’hui, la plupart des batteurs demandent à être payés.

« Dans l’ancien temps, les gens se portaient volontaires pour jouer du tambour, car c’était leur façon d’aider et de soutenir les autres et de célébrer une bonne vie. Mais maintenant, nous n’avons plus cette bonne vie. Il faut donc demander à des gens de jouer, et nous devons les payer. »

 

Le tambour peut également être utilisé pour montrer son soutien. Une Aînée a invité un batteur à jouer avant de partir en expédition dans les terres avec un groupe. Il est venu dans leur tente, et l’Aînée et ses sœurs ont dansé. Il s’agissait à d’une façon de leur souhaiter bonne chance dans leur voyage. Il a chanté : « Je prendrai soin de vous, je veillerai sur vous à chacun de vos pas ». Les membres du groupe se sont sentis très choyés et honorés qu’une Aînée vienne ainsi danser accompagnée au tambour pour eux. À une autre occasion, un batteur a joué lors d’une réunion communautaire.

« Nous avons tenu un cercle de guérison, il y a quelques mois. Nous avons parlé de suicide ce jour-là. Nous avons pris un repas et nous avons demandé à un Aîné de jouer du tambour. Il a été payé. Les gens se sentaient bien dans leur peau, à l’issue de cette réunion de deux jours qui nous a permis de parler de suicide et d’autres sujets entourant notre communauté. Il y a eu une danse ce soir-là. »

 

Certaines femmes innues disent que les hommes ne dansent plus beaucoup. « Quand les gens dansent, ce sont surtout des femmes, même si le cercle est censé être formé en alternance : femme devant, homme derrière.

« Dans les terres, nos parents s’habillaient, puis sortaient danser dans un autre camp. Je ne comprenais pas pourquoi ils voulaient sortir danser. Notre grand-père nous racontait des histoires sur les danses de l’ancien temps… Les gens dansaient jusqu’au matin. Personne ne buvait. Les gens s’amusaient, tout simplement. Tout ça, c’est pratiquement disparu. Dans le cercle, il devrait y avoir un homme juste derrière chaque femme. Maintenant, les hommes ne se lèvent plus quand les femmes dansent. Les danseurs avaient aussi l’habitude de brandir les mains en l’air; ils ne le font plus. »

 

Aujourd’hui, quand les Innus dansent, ils portent souvent leurs vêtements de tous les jours. Les femmes, qui portaient autrefois des jupes en tout temps, portent généralement des jeans.

Le rôle joué par l’Église catholique explique peut-être en partie la perte de certaines des traditions liées aux danses. Les prêtres qui sont venus, à partir de 1950, à Sheshashiu, l’une des communautés innues de Nitassinan (Labrador), détestaient les danses. Ils croyaient qu’elles étaient liées au chamanisme, qu’ils estimaient contraire aux dogmes de l’Église. Les Aînés racontent que les prêtres voulaient leur parler de Dieu, et ils ne voulaient pas qu’ils dansent ou qu’ils jouent du tambour. Les prêtres détestaient particulièrement les danses tenues la nuit. Les gens craignaient les prêtres. Ils ont donc arrêté de tenir ce genre de danses et de chants de tambours.

Insert pine.innu.mokushan.3.mov

Bien qu’il y a encore des Aînés (tshishennuat) qui se souviennent de la vie dans les terres, les jeunes générations grandissent dans les communautés et vont dans des écoles qui ne leur enseignent pas leur propre culture. Certains vont dans les terres avec leurs parents ou leurs grands-parents pendant quelques semaines, mais ils y vont désormais en avion, grâce à un programme spécial de postes éloignés financé par le gouvernement. D’aucuns s’inquiètent beaucoup de la perte de cette ancienne connexion des Innus avec leurs terres ancestrales, leur langue, leurs chants, leurs danses et leur tradition du tambour qui leur parle de leurs terres, des animaux et du bonheur du peuple. Pour en apprendre davantage sur ce que certains hommes pensent du tambour aujourd’hui, vous pouvez lire ces entrevues.

 

pine.innu.interview.francis]

[pine.innu.interview.charles]

[pine.innu.interview.george

Beaucoup de tshishsennuat ressentent de la honte devant le manque de respect envers le tambour qu’ils constatent aujourd’hui, ou devant le fait que les sueries sont réalisées par toutes sortes de gens. Ils éprouvent aussi de la tristesse lorsqu’ils voient leurs jeunes se débattre avec des systèmes scolaires qui sont étrangers à leur mode de vie et qui ne dispensent pas l’éducation dans la langue de ces jeunes. Beaucoup de ces jeunes souffrent et se tournent vers la drogue et l’alcool, et plusieurs se suicident.

Insert photos: pine.innu.festival.1.jpg  to : pine.innu.festival.6.jpg

De nombreux efforts sont déployés pour éviter que ces pratiques et croyances culturelles soient perdues à jamais, par l’entremise de programmes éducatifs et d’apprentissage pratique dans les terres. Selon beaucoup de tshishennuat, l’éducation est la clef, mais cette éducation doit être en partie donnée dehors, dans les terres, afin que les jeunes se familiarisent avec la vie dans les terres comme eux-mêmes le faisaient auparavant.

 

Bibliographie

 

Diamond, Beverly, Sam M. Cronk, and Franziska von Rosen. 1994.  Visions of Sound:

Musical instruments of First Nations communities in Northeastern America. Waterloo, Ontario: Wilfred Laurier Press.

 

Webber, Alika Podolinsky. 1997.Dream Paths: An Account of the Naskapi Indians

among whom Hunting was a Holy Occupation and Painting a Sacred Art. Author.

 

Electronic Resources

Armitage, Peter.   http://www.er.uqam.ca/nobel/religio/no6/armit.pdf, accessed January

4, 2006: 8-9.

 

Tanner, Adrian.  http://www.heritage.nf.ca/aboriginal/innu.html, accessed September 25, 2006

 

Interviews

Charles Bellefleur (drummer and chanter)

Marie Bellefleur

Rose Gregoire

Michel Jack

Philamena Jack

Annette Nuna

Kathleen Nuna

George Nuna

Mary Madeline Nuna

Elizabeth Penashue

Francis Penashue

Pien Penashue

Lizette Penashue

Sebastian Penunsi

Philomena Pokue

Dominic Pokue

Simeo Rich

©