Nos danses aujourd’hui

Il y a certaines danses que les Dénés ont cessé d’exécuter. Des missionnaires du Sud sont venus et ont présenté des religions et des croyances différentes de celles que les Dénés connaissaient. Les missionnaires ont dit aux Dénés d’arrêter les cérémonies, les chants et les danses. Elizabeth Colin, une Aînée gwich’in du delta du Mackenzie, affirme qu’à Fort McPherson, personne n’a tenu de danse traditionnelle dénée depuis 1860. Cependant, elle se souvient avoir entendu sa mère et sa grand-mère parler de certaines de ces danses.

Elle dit qu’elle connaît les danses des foulards, mais pas beaucoup d’autres. « Les seules danses que je connais sont la danse du thé, la danse en ligne et la danse des partenaires. Vous savez, c’est une chose à laquelle je pense toujours, dit Colin. Je me demande pourquoi nous avons écouté les missionnaires et pourquoi nous avons abandonné nos coutumes. Maintenant, nous n’avons plus nos tambours ou nos danses. »

Deux Aînés métis de Fort Resolution dans la région du sud du Grand Lac des Esclaves, qui ont choisi de ne pas être identifiés, disent eux aussi que les danses dénées ne font pas partie de l’histoire de leur communauté. D’abord, leur communauté est métisse, et non pas dénée. Il n’en demeure pas moins que, pendant près de cent ans, les missionnaires ont interdit l’expression de leur culture.

Ironiquement, ces participants se souviennent que la première fois qu’ils ont vu une danse dénée à Fort Resolution a été en 1952, lors d’une célébration pour honorer le premier siècle de présence des missionnaires dans la communauté.

« Les personnes âgées ont dit : “Oh! Ils font une danse de tambours!” quand elles ont entendu les tambours au loin. Mais, les prêtres avaient l’habitude de détruire les tambours et de les jeter au feu en disant qu’ils étaient l’œuvre du diable. C’était surtout le fait de vieux prêtres qui perpétuaient les vieilles habitudes des vieux pays d’où ils venaient. »

« Les jeunes qui sont allés à l’école aux États-Unis ou dans le sud du Canada sont revenus dans le Nord dans les années 1960 et ont apporté avec eux de nouvelles façons de danser qu’ils ont apprises des Cris et d’autres groupes du Sud. Ces danses n’étaient pas les nôtres. Elles étaient propres au Sud. Mais une partie de nos danses sont maintenant mélangées avec les leurs. »

Cependant, il arrivait parfois que les gens exécutent ces danses, même dans les années 1930. Un des participants à cet essai se souvient : « Quand j’étais jeune, il y avait des célébrations pour les anniversaires des traités et il y avait un grand rassemblement de gens de partout. Ils tenaient des jeux de mains et des danses de tambours. Aujourd’hui, plus rien de cela. Depuis, certaines personnes essaient de relancer ces événements, mais cela ne lève pas. Il n’y a plus de danses de tambours dans la communauté. Parfois, certains font venir des batteurs de Rae, Dettah ou Hay River, mais rien n’émerge d’ici. C’est triste, parce que c’est notre culture et notre vie. »

Dans la région du Deh Cho où vivent des Esclaves du Sud, le résident Mike Cazon a raconté ce qui suit à un journaliste, Derek Neary, en 1999, à propos des tambours et de leur importance pour les danses dénées : « C’est une façon de rétablir l’équilibre, de nourrir l’esprit. S’il y a beaucoup de gens qui dansent, cela vous renvoie de l’énergie et vous donne envie de chanter et de jouer plus fort. »

En esclave du Sud, « Cho » signifie « grande » et « Deh » signifie « rivière en mouvement ». Le journaliste a également interviewé Gerald Antoine. « Cela m’a vraiment aidé à réaliser cette vision que j’avais, de pouvoir chanter, dit M. Antoine. C’était très émouvant pour moi, à ce moment-là. C’est quelque chose que je chéris vraiment dans mon cœur. C’est quelque chose qui a été donné aux Dénés. C’est quelque chose qu’ils doivent utiliser pour améliorer leur mode de vie et leur relation avec le Créateur. »

Derek Neary a écrit : « M. Cazon souligne que le groupe continue d’apprendre les chansons et leur signification. Il dit qu’ils se sont récemment rendus à un rassemblement à Meander River, dans le nord de l’Alberta, où ils ont vu une variante de la danse des tambours, où les gens se réunissaient trois par trois. Ils ont également beaucoup appris d’autres batteurs et d’Aînés de groupes comme les Haïdas et les gens de la bande de Squamish. »

La situation varie d’une région de Denendeh à l’autre, mais les Dénés disent que leurs enfants constituent la principale raison pour laquelle ils continuent à danser. « Notre espoir, c’est que si nos enfants reçoivent des perspectives dénées pour les guider dans l’établissement de bonnes relations avec la terre, le monde spirituel, les autres peuples et eux-mêmes, non seulement notre identité sera maintenue, mais nous serons tous plus proches de la survie, explique F. Tatti dans un énoncé de mission de Dene Kede du 6 février 2002. En fin de compte, les Aînés nous disaient qu’en tant qu’individus, en tant que peuple et en tant qu’espèce, nous devons être en possession de nos moyens pour survivre. »

Les cérémonies animées de chants, de tambours, de danses et de festins honorent l’enfant, la jeune femme et le jeune chasseur. Elles sanctifient également le mariage de deux personnes qui font naître des enfants, puis vieillissent pour devenir des Aînés. Dans les Territoires-du-Nord-Ouest, les gens ont perdu une partie de la culture dénée au fil du temps, mais les connaissances traditionnelles liées aux danses dénées persistent encore aujourd’hui.

Les Dénés racontent à leurs enfants les histoires sur le mode de vie des gens et ils leur expliquent pourquoi ils doivent maintenir leur culture vivante dans la société d’aujourd’hui. Pour les Dénés, le récit des expériences d’une personne permet d’assurer la mémoire de la vie de nombreuses personnes.

Les aînés racontent aussi leurs histoires sur les cérémonies, les chants, les tambours et les danses dénées afin que tous ceux qui le souhaitent puissent les lire ou les entendre. Les Aînés disent qu’ils racontent les histoires « à l’ancienne », afin que les danses dénées demeurent toujours des histoires vivantes qui permettront de bâtir un avenir meilleur.

 

 

Bibliographie

Livres

Keillor, Elaine. 2006. Music in Canada: Capturing Landscape and Diversity. Montreal:

McGill-Queen’s University Press.

Sturtevant, William C. and Helm, June, Volume Editor. 1981. Handbook of North

American Indians, Volume 6, Subarctic.  Smithsonian Institution. Washington, D.C.

Tatti, Fibbie. Dene Kede Curriculum. Department of Education, Culture and

Employment, Government of the Northwest Territories. Yellowknife, Northwest Territories. February 06, 2002.

 

 

Les journaux

 

Fletcher, Erin. The next generation. Northern News Service. Yellowknife,

Northwest Territories. September 15, 2003.

Geens, Jennifer. Dene drum dancing unique in North America. Northern News

Service. Yellowknife, Northwest Territories. August 16, 2004.

Geens, Jennifer. Each drum is special. Northern News Service. Yellowknife,

Northwest Territories. August 23, 2004.

Geens, Jennifer. Fewer traditional drum dances performed. Northern News

Service. Yellowknife, Northwest Territories. August 23, 2004.

Neary, Derek. Music for the Soul. Northern News Service. Yellowknife,

Northwest Territories. July 09, 1999.

Neary, Derek. Planting a seed of hope. Northern News Service. Yellowknife,

Northwest Territories. April 07, 2000.

Neary, Derek. What’s old is new again. Northern News Service. Yellowknife,

Northwest Territories. March 19, 2004.

Neary, Derek. Dancer in the Deh Cho. Northern News Service. Yellowknife,

Northwest Territories. August 26, 2004.

Sullivan, Dave. It’s time for Kamba. Northern News Service. Yellowknife,

Northwest Territories. March 04, 2002.

 

 

Interviews

Mackenzie Delta Region: Gwich’in:

Mrs. Elizabeth Colin, Fort McPherson, Northwest Territories, December 200

North Slavey:

Ms. Be’sha (Bertha) Blondin, Yellowknife (Cameron Bay –Tulita), Northwest Territories, January 2006

Tlicho Region: (Dogrib)

Mrs. Audrey Zoe, Yellowknife – Fort Rae-Edzo, Northwest Territories, January 2006

Deh Cho Region:

Informant A.

South Slavey Region: Metis

Mr. Joe Mercredi, Hay River, Northwest Territories, January 2006

Akaitcho Region (South Great Slave Lake Region): Chipewyan, Tso’Tine

Mrs. Celine King of Yellowknife, NT (originally of Fort Resolution, Lutselk’e and Rocher River, NT), February 2006

Mrs. Dorothy Beaulieu, Fort Resolution, Northwest Territories, January 2006

Mr. Angus Beaulieu, Fort Resolution, Northwest Territories, January 2006.

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