Dans l’Eeyou Istchee et dans l’ouest de la baie d’Hudson et de la baie James, certains hommes faisaient appel à des invocations et pratiquaient la cérémonie de la tente tremblante pour communiquer avec les animaux et leurs aides sprituels, dans l’espoir de « voir » dans l’avenir et de prédire les futurs événements de chasse ou l’emplacement des animaux. (Preston, 2002 : 78-115.) On ignore si la danse était associée aux invocations ou à la cérémonie de la tente tremblante, car personne n’autre ne pouvait assister à ces rituels. Généralement, un seul homme exécutait ces rituels de la culture spirituelle des Eeyous. (Ibid.) Cependant, James Isham, l’un des premiers explorateurs européens de la baie d’Hudson et de la baie James entre 1739 et 1741, décrit ainsi les invocations et les danses des Eeyous :
« Je pense que je n’ai jamais été si plein de joie que cette fois où j’ai assisté à leurs invocations et à leurs danses (…). Ils dansent en rond autour du feu. Un participant s’approche de côté, et, de son souffle, il foudroie un autre participant, qui s’effondre comme mort. Devant tout le monde, le premier participant souffle dans l’oreille du second et ailleurs sur son corps, et le ramène à la vie (…) (traduction). » (Société d’archives de la CBH, 1949 : 98.)
Ce rituel de danse en particulier n’est pas décrit en détail et semble intrigant pour Isham. Cependant, il est probable que ce qu’Isham a vu, sans le comprendre, était en fait un rituel de danse collectif comportant la reconstitution d’une histoire de vie et de mort. Ou peut-être s’agissait-il simplement d’une célébration de la présence d’étrangers, comme des Européens, qui semblaient apporter de nombreux biens (couvertures, pots), de la nourriture (farine, thé, sucre), des armes (canons) et des technologies (fusils et pièges en acier) qui pourraient aider les Eeyous.
En outre, Isham comprend mal le geste du « souffle » dans le rituel de la danse. Ce « souffle » est associé au pouvoir d’une personne, peut-être un miteo (shaman) comme dans l’histoire eeyoue intitulée Ayashao, dans laquelle un vieux chasseur eeyou a le pouvoir de « souffler » des îles toujours plus loin dans la baie James. (Louttit, 2005 : communication personnelle.) De plus, les invocations et la cérémonie de la tente tremblante d’Eeyou Istchee étaient des rituels « individualistes », dans le sens où ils impliquaient une personne installée dans un châssis de bois fermé et recouvert de toiles ou de peaux d’animaux. (Preston, 2002 : 78-115.) Pour autant que nous le sachions, les Eeyous ne dansaient pas autour de la tente pendant les cérémonies d’invocation ou les cérémonies de la tente tremblante. (Ibid.)
Ailleurs, James Isham (1739-1741) décrit une célébration qui peut avoir eu lieu à la fin de l’été (août) avant le départ des chasseurs et des familles d’Eeyous dans les terres intérieures ou dans les territoires de chasse en vue des longs mois d’hiver consacrés au piégeage. Isham en fait la description suivante :
« Ils ont pour usage, avant de remonter dans les terres, de s’assembler, hommes, femmes et enfants. Deux vieillards sont assis et jouent du tambour et leur chantent une chanson. Pendant ce temps, les autres dansent main dans la main autour des vieillards pendant quelques heures (traduction). » (Société d’archives de la CBH, 1949 : 112.)
Anciennement, puis de nouveau récemment dans les années 1960, les Eeyous exécutaient la cérémonie traditionnelle de la tente tremblante. (Preston, 2002 : 78-173.) Les anciens chasseurs eeyous pratiquaient la cérémonie de la tente tremblante en pénétrant dans une petite structure en bois couverte de toiles ou de peaux d’animaux ressemblant à une capsule de vaisseau spatial. (Ibid.)
Le sommet de la structure était ouvert pour permettre aux aides spirituels du chasseur d’entrer. Il pouvait y avoir jusqu’à six esprits ou plus. Une fois qu’un mistapew (aide spirituel du chasseur) entrait dans la tente, le chasseur (de l’intérieur) ou les gens du public (de l’extérieur) pouvaient poser des questions ou amorcer un dialogue au sujet des événements futurs (conditions météorologiques) ou du succès que les chasseurs auraient dans leurs activités de pistage des animaux. (Smallboy, dans Flannery 1995 : 19.) Si un ou plusieurs aides spirituels entraient par le sommet de la tente, cette dernière se mettait rapidement à « trembler » à cause du pouvoir spirituel des esprits qui tourbillonnaient dans la tente. (Ibid.)
La tradition orale des Aînés eeyous et les sources documentées ne permettent pas d’établir clairement si un type de danse particulier était associé à la cérémonie de la tente tremblante. Cependant, comme la culture et la tradition changent au fil du temps, il est possible que la cérémonie de la tente tremblante ait comporté des danses et qu’elle ait été exécutée d’une manière très différente de celle que