Nos histoires

Les Micmacs ont enchevêtré leurs danses, leurs récits et leur Histoire dans leur culture, ainsi que dans leurs us et coutumes. Le missionnaire baptiste Silas Rand a consigné, au milieu du XVIIIe siècle, une histoire qui décrit le pouvoir de la danse.

Une partie de l’histoire se passe juste après que Kluskap, un héros déifié des Micmacs, a expliqué à Keekwahjoo (Ki’kwa’ju) comment passer devant une moufette géante et dangereuse et plus tard, devant des castors. Ki’kwa’ju est le mot micmac pour le carcajou, un animal décrit comme étant malfaisant dans un certain nombre d’histoires micmaques. Les noms de deux autres personnages, Keukw (Kukwes) et Kaktoogwasees (Kaqtukwaqsis), signifient « Tremblement-de-terre » et « Petit-Tonnerre ». Chez les Micmacs, de nombreuses forces naturelles dans le monde, comme le tonnerre et la foudre, étaient liées à des « personnes » vivantes. Ces « personnes » vivaient comme nous, mangeant, buvant, chassant et célébrant. (Whitehead, 1998 : 232.) Dans cette histoire, Kluskap dit à Keekwahjoo (Ki’kwa’ju) et à ses compagnons qu’ils devaient charmer la moufette et les castors jusqu’à ce que les animaux dansent.

Après avoir obtenu cette information et la route à suivre, Keekwahjoo et ses compagnons firent boosijic, c’est-à-dire qu’ils prirent la mer. Ils voguèrent sur une longue distance. Au moment où ils contournaient une pointe de terre, ils aperçurent une énorme moufette prête à les foudroyer de ses pouvoirs dès qu’ils seraient à sa portée. Keekwahjoo (Ki’kwa’ju) prit le cheegumakun (ji’kmaqn) et commença à faire des percussions et à chanter. Quand, oh surprise, la moufette changea de position et commença à danser de toutes ses forces! Ils passèrent ainsi en toute sécurité. (…) Ils poursuivirent leur périple jusqu’à ce qu’ils aperçoivent un grand village, où ils débarquèrent et prirent le chemin menant directement à la loge du chef.

Ils entrèrent. Le chef, préalablement informé de l’objet de leur visite, ou le devinant, donna son consentement de la manière habituelle, en s’adressant à Kaktoogwasees (Kaqtukwaqsis, «Petit-Tonnerre») comme s’il était son gendre et en l’invitant à la place d’honneur, dans la partie arrière du wigwam. Ce chef s’appelait Keukw (Kukwes, « Tremblement-de-terre »). On organisa immédiatement des célébrations pour le lendemain. Cependant, ce soir-là, Kaktoogwasees (Kaqtukwaqsis) dansa la danse mystique appelée nskowokun, en guise de présentation. Il souleva une tempête telle que le vieux Tremblement-de-terre en vint à craindre pour sa sécurité. (…)Tôt le lendemain matin, un rassemblement se tint autour de la loge du vieux chef. Le wigwam était bondé de chefs subalternes et de leurs hommes. Devant la porte, ils dégagèrent un espace, l’aplatirent et le lissèrent pour les danseurs. (Rand, 1894 : 114-116.)

 

L’histoire continue en relatant les défis et les obstacles que Kaktoogwasees (Kaqtukwaqsis) a surmontés, jusqu’à ce qu’il triomphe. L’extrait reproduit ici montre à quel point les danses et les chants pouvaient conférer des pouvoirs aux gens. Cette légende encourageait aussi les gens à danser pour célébrer et accueillir les autres. Plus tard dans la légende, Kaktoogwasees (Kaqtukwaqsis) a dansé à nouveau quand il est rentré chez lui et a célébré son mariage.

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